Marie-Sophie Obama

ÇA VEUT DIRE QUOI POUR VOUS,
INSPIRER POSITIVEMENT LA SOCIÉTÉ ?

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Marie-Sophie Obama

Présidente déléguée LDLC ASVEL Féminin

 

 

 

Pour moi, inspirer positivement la société, c’est vraiment poser des actes. Il y a plusieurs niveaux dans l’inspiration mais cela n’est rien sans une mise en application. Inspirer la société, c’est comprendre les enjeux majeurs de la société pour lesquels on a envie de s’engager et, à son propre niveau, mettre en œuvre même si ce n’est qu’une petite partie. Je pense aussi qu’inspirer, c’est forcément bousculer un peu les codes, l’ordre établi, et faire rayonner la part de singularité qu’il peut avoir dans chacun de nous. Il est important de proposer une autre lecture, une autre direction.

Je ne sais pas faire autre chose que de m’engager à 100 % et surtout en sortant du cadre. Même en maternelle, je n’arrivais pas à colorier à l’intérieur du cadre ! Ça fait vraiment partie de mon ADN et de ce qui me fait vibrer. Je ne prends jamais plus de plaisir que quand il faut faire plaisir aux autres. Mon bonheur et mon sentiment d’accomplissement passent par le partage, le fait de créer cette chaîne humaine et de rêver grand.

Un monde meilleur, j’y crois vraiment, c’est vraiment ce qui m'anime.

La transmission, c’est sortir de sa petite enveloppe personnelle. C’est se demander ce que l’on retire de chaque expérience et ce que l’on peut donner à l’autre. Et il faut parfois se déconnecter du sort que l’on réserve à ce qu’on veut transmettre pour le remettre dans les mains d’autres, les laisser à leur tour se l’approprier et le transformer à leur manière. En tant que dirigeante d’un club sportif, je ne peux pas concevoir notre rôle, notre job, en dehors de cela. Le fait de porter les couleurs d’un club, d’une ville, de tout un territoire ; le fait d’être soutenu par des parties prenantes qui sont variées ; c’est quelque chose qui nous engage de fait. Cela nous pousse forcément à nous demander comment on peut rendre le soutien que l’on reçoit - mais pas dans la culpabilité - se demander quel rôle on doit jouer, au-delà même de l’évidence, du sport, ses résultats et ses émotions.

Le sport est vecteur de très importantes inspirations : que tout est possible, que ce n’est jamais perdu, qu’on peut toujours y arriver, que le petit Poucet peut renverser le favori, etc.

Et, au-delà de cela, il inspire par la notion d'empowerment : « Je fais ce pas, j’y arrive, je crois en mes chances, je travaille, je me prépare psychologiquement et physiquement pour être encore meilleur que ce que je pouvais imaginer, que ce que les autres peuvent projeter de moi ». Il est essentiel d’être en capacité de briser les chaînes, son plafond de verre.

Mon histoire personnelle est comme cela. Je n’ai jamais rien prémédité. Même quand j’ai commencé le basket, j’avais déjà des coéquipières qui voulait être en équipe nationale, professionnelle, etc. Je me suis toujours laissée bercer par cela. Mais les événements de la vie ont fait qu'à chaque fois, je suis allée là où je n’avais jamais imaginé m’aventurer. Et j'en suis ravie. Je me dis que notre monde serait bien inspiré et bien riche si les gens osaient s’aventurer là où on ne les attend pas vraiment. Il faut parfois prendre de la distance avec les conventions qui sont parfois complètement sclérosantes.

J’aimerais que chacune et chacun soit plus en capacité de se responsabiliser par rapport à son propre chemin. Je crois fondamentalement - évidemment beaucoup de choses ne vont pas dans notre société - mais je crois qu’on souffre aussi du manque d’accomplissement, du manque de liberté que l’on peut avoir à l’intérieur de soi-même. On a tendance à beaucoup incriminer l’environnement, le cadre - que cela soit à l’échelle d’une entreprise ou de la société au sens plus large. Mais je crois que nous avons toujours un minimum de liberté d’action pour façonner notre propre moule à l’intérieur de ce cadre, pour ainsi ressentir ce sentiment d’accomplissement qui donne une grande puissance mais aussi du bonheur.

Je rêve d'une société française qui se libère, qui sait apprécier ce qu’elle a autour d’elle et qui n’est pas fataliste.

Nous avons un héritage culturel et sociologique qui fait que l’on a beaucoup de capacité d’action. Notre société doit retrouver de l’ancrage, ne plus se tromper sur les valeurs essentielles et fondamentales. Et il n’y a pas besoin d’être mis dans la lumière pour inspirer, ni pour se sentir inspiré. Ce n’est pas parce que certaines choses sont plus mises en lumière, qu’elles ont plus de valeur que celles qui sont dans l’ombre.

Le sport est un concentré de vie, tous les cycles sont relatés lors d’un match, d’une saison. Le sport est bien sûr vecteur de valeurs importantes. Il évoque la santé, l’égalité des chances, l’ascenseur social. Le sport n’a pas de frontière. Les nations se retrouvent autour de l’objectif sportif, on parle le même langage. Cela permet de trouver des terrains d’entente et de faire passer des messages. Et le sport a un côté ludique qui permet d’aborder des choses pas toujours évidentes et qui fait appel à l’enfant qu’on a en soi. C’est le vecteur parfait et je pense que l’on ne s’en sert pas assez. Avec LDLC ASVEL Féminin, on entend justement l’utiliser le plus possible. C’est notre matière première et cela incarne tout ce en quoi nous croyons. Nous travaillons ainsi dans ce sens, pour voir comment mettre tout cela en application, sortir le plus possible de notre salle et nos terrains de sport et faire en sorte d’agir et d’aller au bout de nos convictions. Nous souhaitons inspirer positivement les filles et les femmes dans la société et contribuer à une société plus mixte.

 

Marie-Sophie Obama