Philippe Croizon

ÇA VEUT DIRE QUOI POUR VOUS,
INSPIRER POSITIVEMENT LA SOCIÉTÉ ?

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Philippe Croizon

Athlète, aventurier, conférencier 

Inspirer positivement, je dirais que c’est mon métier à plein temps. Comme j’aime à le dire : depuis que j’ai pris 3 échanges de 20 000 volts, je suis devenu distributeur d’énergie positive. Pour moi, ça signifie montrer la voie, que tout est possible. Que l’impossible c’est juste nous, et personne d’autre.  

Que l’impossible c’est juste nous, et personne d’autre.  

C’est une phrase tellement banale, mais tellement vraie, parce que je l’ai vécue pendant toutes ces années, entre l’accident, la rééducation : « après la pluie vient le beau temps ». Il faut savoir être patient et continuer à se battre malgré tout, contre toutes les épreuves. C’est ce que j’explique pendant mes conférences. Mon parcours de vie, les erreurs qui ont été commises, et comment, grâce aux gens, aux rencontres, aux coups de main, j’ai pu réaliser mes rêves, me sortir de ce marasme dans lequel j’étais empêtré. La colère, le déni, la dépression aussi, tout ce qui correspond aux phases du deuil. Et comment je m’en suis sorti.  

Demander un coup de main, il ne faut pas le vivre comme un moment de déshonneur. Il faut le vivre comme un moment de partage. Pendant des années, j’avais honte de mon nouveau schéma corporel, j’avais honte de mon handicap, je ne savais pas comment affronter les gens. Et ensuite j’ai appris que je pouvais aller vers les gens. C’est le sport qui me l’a permis. C’est un de mes outils de résilience. D’abord la famille et les amis, l’humour ensuite, et enfin le sport, qui m’a reconstruit. Qui m’a permis d’aller vers les autres, et de vivre toutes ces aventures. Car j’ai osé demander un coup de main.  

Ma conviction, c’est que le « je » n’existe pas. On avance ensemble, et on réussit ensemble. Mon parcours de vie, depuis que j’ai eu mon accident, c’est du collectif : il y a toujours eu une équipe autour de moi. C’est grâce à l’énergie des gens, c’est grâce à la confiance qu’ils m’ont accordée, que j’ai pu mener mes aventures. Sans cette confiance, je ne suis pas sûr que je serais allé au bout. On le voit bien aujourd’hui, que les gens ont besoin de cette confiance. Et malheureusement on ne nous l’offre pas. Prenez la crise en cours : on nous culpabilise en permanence. « C’est de votre faute », c’est horrible comme message. Si, pour reprendre les mots du Président, « on est en guerre », dans ce cas il faut d’autant plus jouer collectif.  

Le message le plus fort que je délivre très souvent, c’est : n’attendez pas que les gens viennent vers vous, sinon on va attendre longtemps. C’est à nous d’aller vers les autres, de les bousculer. D’aller les chercher. « Viens, j’ai un rêve. Tu veux entrer avec moi dans mon rêve, tu veux m’aider s’il te plait ? ». Et c’est comme ça que j’ai tout réussi jusqu’à présent.  

On a plus qu’avant besoin d’inspiration positive.

Ma crainte la plus profonde, c’est que le monde se soit un peu refermé sur lui-même, notamment avec le confinement, et que l’individualisme s’en trouve exacerbé. Même si je vois toujours le verre à moitié plein, les élans de solidarité, j’ai peur qu’il faille à l’issue de cet épisode remettre en route la machine du vivre ensemble, du collectif.  

De mon côté, ce que j’ai envie d’inspirer, c’est l’idée que tout est possible. C’est vraiment ma phrase. Toutes mes aventures, la majeure partie des gens ni croyaient pas. Même ma famille n’y croyait pas. Tout le monde avait peur pour moi. Et c’est le plus gros frein de notre société : la peur. Mon mode de fonctionnement aujourd’hui, depuis que j’ai eu cet accident et que je me suis relevé, c’est : j’ai d’abord une idée, ensuite je prends les infos. J’ai peur, mais c’est trop tard. L’aventure est lancée. Beaucoup trop de gens malheureusement dans notre société on des rêves, des envies, des objectifs, mais quand arrive la peur ils se posent des mauvaises questions tout de suite, sans avoir les informations. Ils se demandent tout de suite ce qu’ils risquent. Dès qu’on se pose cette question, c’est fini. Ils s’enlèvent 80 ou 90% de chances d’aller vers leur objectif et vers leur rêve. Mon parcours, c’est la fameuse phrase de Mark Twain : « je ne savais pas que c’était impossible, alors je l’ai fait ». Donc j’y vais, et après je me rend compte que ça va être dur, que ça va être même être très violent, c’est au jour le jour que c’est violent parce qu’on est dans du pur dépassement de soi, qu’il s’agisse de ma traversée de la Manche ou du Paris-Dakar. Ça a été d’une violence sans nom, mais on avance au jour le jour, et on atteint l’objectif qu’on s’est fixé, ensemble.  

Pour inspirer les autres, je partage mon parcours de vie, j’explique comment j’ai réalisé mes propres rêves. Comment je me suis lancé dans des trucs où 99% des gens n’y croyaient pas, comme ma connerie monumentale du moment avec Elon Musk. Ou je balance un tweet, auquel il répond, et on continue en messages privés en se disant que cela va être possible, d’aller dans l’espace. Ça vient d’une discussion de comptoir avec deux copains, comme toujours d’une idée complètement dingue, et de se dire : « chiche, on y va ». Alors au départ on rigole, et puis après on rigole de moins en moins, et après on y va, on fonce.  

Est-ce que les entreprises peuvent inspirer positivement la société ? Je l’espère. S’il y a des gens qui ont osé des choses, c’est bien les entrepreneurs. Ils sont de la même trempe. Ils ont eu l’audace d’essayer, d’y aller. Et le message, il est là : nous on l’a fait, pourquoi pas vous ? A vous de vous lancer, d’affronter vos peurs, et d’y aller.  

De mon côté, ce que j’ai envie d’inspirer, c’est l’idée que tout est possible. C’est vraiment ma phrase. 

La personne qui m’inspire le plus, au quotidien, il s’appelle Philippe Croizon ! plus sérieusement, j’étais à mille années-lumière d’imaginer la vie que j’ai aujourd’hui. Même s’il me manque 4 trucs, j’aime vraiment ma vie d’aujourd’hui. Elle est vraiment chouette. J’en ai bavé, mais ça valait vraiment le coup. Quand on demande aux gens en fin de vie quel est leur plus grand regret, ils répondent à 90% : ne pas avoir réalisé mon rêve. Moi, j’en ai réalisé plein, des rêves. Et quand on me demande quel est mon meilleur souvenir, ma réponse c’est toujours : « demain, parce que j’ai encore plein de choses à vivre ». J’ai encore plein de conneries dans ma tête. J’ai écrit à Jean-François Clervoy, qui organise des vols zéro gravité. Je lui ai dit qu’avant d’aller dans l’espace avec Elon Musk, pourquoi ne pas faire un vol zéro gravité, ce serait extraordinaire. Encore une fois, j’ai tenté ma chance. Le message le plus fort que je délivre très souvent, c’est : n’attendez pas que les gens viennent vers vous, sinon on va attendre longtemps. C’est à nous d’aller vers les autres, de les bousculer. D’aller les chercher. « Viens, j’ai un rêve. Tu veux entrer avec moi dans mon rêve, tu veux m’aider s’il te plait ? ». Et c’est comme ça que j’ai tout réussi jusqu’à présent.

On a toujours peur de demander de l’aide. Quand je veux aller manger dans un restaurant à Paris, il y a des marches. Je demande un coup de main à des gens qui passent sur le trottoir, moi j’ai le sourire, et eux aussi en repartant. Il y a eu un moment de partage de quelques secondes, ils ont eu le plaisir de m’aider. Encore un fois, on a peur. Des préjugés, de demander un coup de main, et on rate beaucoup de choses parce qu’on a peur d’oser. C’est ça, le message que j’ai envie de délivrer. C’est que l’impossible c’est juste nous, et personne d’autre. C’est juste nos peurs. 

Inspirer positivement, je dirais que c’est mon métier à plein temps. Comme j’aime à le dire : depuis que j’ai pris 3 décharges de 20 000 volts, je suis devenu distributeur d’énergie positive. Pour moi, ça signifie montrer la voie, que tout est possible.
 
Philippe Croizon