Philippe ODDOU
Directeur Général de « Sport dans la ville »
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots Sport dans la Ville ?
Sport dans la ville, que nous avons créée en 1998, est la principale association d’insertion par le sport en France. Elle apporte son soutien et son aide à des jeunes dans les quartiers prioritaires par le biais du sport. Pour cela, nous mettons en place des terrains de sport, principalement de football et de basket. Puis, nous proposons aux jeunes, à partir de l’âge de 15-16 ans, d’être accompagnés dans un parcours d’insertion professionnelle, l’emploi étant l’enjeu n°1 dans les quartiers où l'on intervient. Ce qui nous motive, à travers le sport, c’est de les emmener vers un projet d’emploi. Aujourd’hui c’est plus de 8500 jeunes qui sont accompagnés, à travers deux programmes principaux : le premier, Job dans la ville, dont Gilles Pélisson a été le parrain d’honneur en 2018, qui emmène les jeunes vers un emploi. Le second, Entrepreneur dans la ville, un programme d’aide à la création d’entreprise.
Pourquoi avoir choisi le sport comme levier d’action ?
Le sport c’est magique !
Notre enjeu est de créer une dynamique, de proposer quelque chose qui soit source de plaisir, de joie, d’enthousiasme, de partage, de vie en collectif. Le sport, comme nous le proposons, en pied d’immeuble avec nos infrastructures et nos coachs sportifs, offre tout cela. C'est un outil extraordinaire pour aller à la rencontre des jeunes et créer une relation. Pour faire le lien avec TF1 ; au travers du sport, nous transmettons aux jeunes des ondes positives.
Dans un quartier difficile, le taux de chômage est élevé, les jeunes n'envisagent pas la formation et l’emploi comme des sujets positifs. Ici, ce sont nos coachs qui les abordent, sous l’angle du sport, les rendant d’un coup de baguette magique plus positifs. La discussion ne vient pas du professeur avec lequel nous avons parfois une relation difficile à l’école, ni des parents avec lesquels nous sommes en rébellion à un certain âge, mais de mon coach sportif, qui compte pour moi, qui est un référent, qui est un cap dans mon quotidien car lorsque l’on aime le sport, le coach est quelqu’un d’important.
Ça veut dire quoi, pour vous, inspirer positivement la société ?
C’est donner un horizon et de l’énergie, dont découlent un projet et des rêves.
Pour les jeunes de Sport dans la ville, avoir un horizon et des rêves est absolument essentiel car dans le quotidien cela les motive et les tire vers le haut. L’inspiration par le positif et le rêve, c’est un moteur de vie qui est extrêmement puissant.
Comment selon vous un média comme TF1 peut-il jouer ce rôle d’inspiration ?
Apaiser les choses et mettre en exergue les choses positives.
TF1 est un média positif, beaucoup de choses positives sont mises en avant sur ses ondes. En ce qui concerne les quartiers prioritaires, il est vrai que l’on en parle souvent dans les médias quand il y a des problèmes. Je pense que pour un grand média comme TF1, qui a un auditoire extrêmement large, le fait d’essayer de parler de manière objective et positive de tout ce qui peut se passer dans ces territoires est quelque chose de très important. L’enjeu actuel est d’apaiser les choses et de mettre en exergue les choses positives qui s’y passent. Il ne faut pas faire preuve d’angélisme, des problèmes existent, mais il n’y a pas que ça.
Je crois en la force de l’exemple.
Je pense notamment à l’entrepreneuriat, un sujet qui me tient à cœur. 95% des reportages évoquent un certain type d’entrepreneurs ayant fait des études, travaillé pour de grandes entreprises... Alors que dans les quartiers prioritaires, il y a un terreau entrepreneurial fantastique. Lorsque l’on décide de créer sa boîte, le facteur de succès n°1 c’est la capacité à vendre son projet et ça de nombreux jeunes que nous accompagnons l’ont ! Le programme Entrepreneurs dans la ville accompagne chaque année plusieurs centaines d’entrepreneurs qui créent leur boîte, en démarrant de zéro. Au départ, leur but quasi unique est de créer leur propre emploi. Aujourd’hui, ils sont à la tête d’entreprises qui ont 20, 30, parfois 40 salariés ! Et de ces parcours entrepreneuriaux, vous n’entendez jamais parler alors que ce sont des parcours remarquables ! Je crois en la force de l’exemple, qui peut être un véritable moteur si nous arrivons à démultiplier leur visibilité. Grâce à ces exemples de réussite, nous allons donner envie à d’autres jeunes de leur emboîter le pas.
Ce n’est pas parce qu’on part de plus loin que l’on ne peut pas aller plus haut.
Ce qui est fondamental, pour nous, c’est de montrer que tout est possible. Cela fait partie de l’ADN de Sport dans la ville. Nous martelons ce discours en permanence aux jeunes mais surtout en leur apportant des preuves. Nous avons des centaines de jeunes sur lesquels beaucoup de gens n’auraient pas misé un sou le jour où nous les avons accueillis, et aujourd’hui ils bossent en entreprise ou ont créé la leur. C’est ce que je leur dis : ce n’est pas parce que l’on part de plus loin que l’on ne peut pas aller plus haut.