CHRISTELLE CHIROUX

PROMOUVOIR L'ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES
ENTRETIEN AVEC CHRISTELLE CHIROUX

Christelle Chiroux

Directrice adjointe de l'information en charge de la médiation et de la RSE

 

 

 

L’information du groupe TF1 est-elle paritaire ?

Il y a autant de journalistes femmes que de journalistes hommes au sein des rédactions de TF1 et LCI, et nous avons deux femmes à la tête des journaux de TF1. Sur nos antennes, nous continuons les efforts pour atteindre cette parité qui prend du temps. La société actuelle compte 52 % de femmes, or les femmes représentent aujourd’hui 41% des personnes interviewées. Ce n’est pas assez, même si ce chiffre a déjà beaucoup progressé. En 2016, elles étaient seulement 34%, dont une majorité interrogée sur des sujets d’éducation ou de famille, mais rarement dans des domaines régaliens.

Comment avez-vous fait progresser la visibilité des femmes ?

En réalisant notre autocritique tout d’abord. Nous avons mis en place en 2016, avec le Haut Comité à l'Egalité Femmes Hommes, un baromètre annuel pour compter et qualifier les femmes dans nos contenus d’information. Ensuite, tous les collaborateurs qui travaillent à l’information : journalistes, documentalistes, techniciens… ont été sensibilisés à travers des ateliers pour éviter les stéréotypes. Nos journalistes peuvent s’appuyer désormais sur le site « Expertes » et sa base de plus de 3000 expertes répertoriées. Depuis janvier 2020, nous appliquons un baromètre mensuel à chaque service, qui permet de repérer les manques et de les ajuster. Restait une étape primordiale : convaincre les femmes de s’exprimer.

Le problème de visibilité vient-il aussi des femmes ?

Si notre rédaction a pris le pli, nous essuyons encore de nombreux refus et peinons parfois à trouver des femmes à interviewer. Il peut s’agir d’un manque de confiance, de disponibilité pour certaines, la peur de s’exprimer sur un élargissement de leur domaine de compétence… Face à ces freins, à nous de les accompagner et de désacraliser l’exercice. Il faut que les femmes n’aient plus peur de prendre la parole.

Avec « Expertes à la une » nous proposons depuis 2016 des journées dédiées où nous accueillons des femmes pour du coaching, du médiatraining, des rencontres avec la rédaction.

Cet engagement portant ses fruits, nous avons décidé en 2020 d’aller un cran plus loin en créant une promotion d’expertes.

En quoi consiste cette classe d’« Expertes à la une » ?

Quinze expertes ont été sélectionnées dans des domaines où nous constatons une moindre visibilité : police-justice, santé, technologie… Cette classe, nous l’accompagnons toute une année avec du coaching, des rencontres inspirantes, et surtout une immersion dans l’information, car toutes sont parrainées par un journaliste, rédacteur en chef ou un présentateur. Nous leur garantissons également un passage en plateau ou dans un reportage, le but étant bien sûr qu’elles les multiplient par la suite… et pas seulement sur nos antennes ! Nous sommes extrêmement fiers de ce projet, dont la deuxième promotion a été lancée en 2022.

La parité est-elle toujours un combat ?

Nous parlons à des millions de Français tous les jours. Nous avons aussi ce pouvoir de faire changer les mentalités, d’engendrer des débats. Ces initiatives dans les médias ont permis une prise de conscience générale.

Notre responsabilité de grand média est de refléter cette société qui est la nôtre, de travailler sur la diversité, sur la pluralité des points de vue.

Les choses bougent dans les secteurs historiquement masculins. La police, la gendarmerie, par exemple, a de plus en plus de femmes porte-parole. Pour nos journalistes, c’est devenu naturel de penser à cet équilibre or il y a encore cinq ans, ce n’était pas le cas. Désormais, il n’est plus acceptable de voir sur nos antennes des plateaux exclusivement masculins. Cette première victoire nous réjouit. Nous visons désormais l’égalité parfaite.