Caroline Vene

ÇA VEUT DIRE QUOI POUR VOUS,
INSPIRER POSITIVEMENT LA SOCIÉTÉ ?

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Caroline Vene

Fondatrice et Présidente d’iWips et d’Anima by iWips, et Directrice pédagogique Leadership et hauts potentiels à CentraleSupélec Executive Education

Ça veut dire quoi, dans le monde qui vient, inspirer positivement la société ?  

Je trouve cette question très intéressante aujourd’hui à plus d’un titre : 

La période que nous vivons nous met devant nos choix, nos ressources personnelles, et la question du sens. C’est là que s’arrêter et prendre le temps de célébrer les succès, identifier ses leviers et les ressources que notre entourage nous procure pour avancer, nous permet de (re)trouver une forme de confiance. 

Inspirer positivement c’est donc redonner de la confiance.

Si on en croit le philosophe Charles Pépin (1), la confiance provient tout d’abord de la relation à l’autre : c’est pourquoi il est essentiel d’y trouver l’élan qui donne confiance. Elle vient ensuite de la confiance en soi, non pas d’un point de vue nombriliste comme veut nous le faire croire les approches de développement personnel, mais comme une confiance dans nos capacités, entrainées et développées, à pouvoir faire face à l’incertitude car nous avons confiance en nos compétences, comme un sportif de haut niveau. Enfin, la confiance provient de la relation au monde, à ce qui nous entoure, et avec lequel un sentiment d’alignement nous ouvre une confiance absolue et inconditionnelle.

Voir, ressentir, accepter, rechercher cette confiance nous permet une approche plus sereine et ouverte du monde.  

 

Cette période remet en scène « la société » (du latin socius : compagnon, associé) : un groupe d'individus unifiés par un réseau de relations, de traditions et d'institutions. Cette définition met en avant :  

- La notion de groupe d’individus : s’oppose ainsi à une vision individualiste de cette même société ; elle invite à des valeurs de solidarité, de coopération, d’équipe au cœur de la définition ;

- La notion d’unification : les individus partagent ce qui leur permet de se reconnaître comme un groupe ;

- Le réseau de relations, traditions, d’institutions : ce réseau devient le socle commun sur lequel se construit cette union.  

C’est là, à mon sens, que la valeur « positive » est déterminante.

C’est là qu’elle doit inspirer le groupe pour le porter vers un groupe agissant pour se faire grandir lui-même, et faire grandir le monde qu’il entoure.  

La psychologie positive, créée par Martin Seligman en 1998, s’intéresse surtout à la santé et au bien-être, à ce qui rend les humains résilients, heureux, optimistes. Elle démontre de façon expérimentale ce qui ensuite a été largement conforté par les neurosciences : l’individu issu du monde animal, attaché à sa survie, est plus enclin à détecter les signaux faibles négatifs. Il est donc important de l’encourager à voir les signaux positifs : ceux-ci sont sources de bonheur, facilitent l’apprentissage (il est démontré que l’on mémorise mieux lorsque l’on est dans un climat positif et encourageant), développent la confiance (cf ci-dessus)… 

Dans le monde VICA dans lequel nous vivons (Volatile, Incertain, Complexe, Ambiguë), tous les individus ne sont pas dotés de la même capacité de résilience, d’adaptabilité, de joie de vivre, de sérénité. De plus, tous les individus ne vont pas y accéder par les mêmes leviers : c’est en s’appuyant sur ses forces* que l’individu se trouvera en confiance et en énergie pour développer sa trajectoire et faire face aux difficultés. 

Dans cette société, aider chacun à trouver son propre chemin pour contribuer positivement à la société en s’appuyant sur la complémentarité avec les autres devient un vrai projet.  

 

Dans le même esprit, le terme de compétence, utilisé notamment dans le monde du travail, a longtemps été associé à la maitrise technique d’outils ou de méthode. Or, dans ce monde VICA et avec l’automatisation des tâches, les compétences douces, les Soft Skills, sont de plus en plus reconnues par les entreprises pour faire face à l’incertitude et aux enjeux nouveaux. Les 4C(2) (Communication, Créativité, Coopération, esprit Critique), auquel s’ajoute la Conscience sont selon de plus en plus d’experts des compétences qui méritent d’être développées dans l’éducation à tout âge pour faire face aux évolutions et enjeux de demain. Sur ce sujet, nous ne sommes pas les champions dans le système éducatif !

Comment y arriver ?  

Envisager des pistes nouvelles et positives dans ce contexte n’est possible que grâce à une éducation et un accès à la culture adaptés à chacun, c’est-à-dire :

Valoriser la diversité et les spécificités de chacun : grâce aux nouvelles technologies par exemple, en intégrant les techniques de personnalisation, ce n’est plus une question de moyens ! 

Valoriser la communication est également un levier très efficace pour mieux se comprendre entre individus et mieux se faire comprendre, mais également gagner en confiance en soi (Cf. plus haut). Certaines initiatives comme Eloquencia, relayé par Bertrand Perier dans le film « A voix haute » (3), vont dans ce sens. 

Aider au discernement et donc développer l’esprit critique (positive et constructive) est indispensable, pour des prises de décision éclairées. Face aux flux constants d’informations que l’on reçoit tous, distinguer le vrai du faux et ce qui est utile est déterminant.

S’amuser, et en plus ça marche ! En effet, on apprend beaucoup mieux dans le plaisir que dans la contrainte. En témoigne le succès d’émissions TV comme « C’est pas sorcier », « Le monde de Jamy », « On n’est pas que des cobayes », » On n’est plus des pigeons », mais aussi le développement d’Escape Game pour la formation en entreprise.

Le monde change, inspirons-le positivement !

 

Pour conclure : 

Je suis toujours étonnée lors des formations que j’anime pour hauts potentiels et dirigeants, de voir comme ces pistes sont riches et souvent méconnues ou insuffisamment mises en œuvre ; pourtant les retours que l’on me donne a posteriori montrent qu’elles ont permis de dépasser des clivages vains et des stress inutiles.  

Je pense également qu’il faut considérer les individus là où on aimerait qu’ils soient, pour les faire grandir. Les regarder, considérer, divertir comme des individus capables d’apprécier et faire le meilleur. C’est donc porter un regard positif sur la société pour la faire grandir. 

 

Caroline Vène
 
(1) Charles Pépin, La confiance en soi, une philosophie, Allary Editions, 2018
(2) Jérémy Lamri, Les compétences du 21e siècle, Dunod, 2018
(3) A voix haute : La force de la parole, 2017, documentaire de Stéphane de Freitas ; La parole est un sport de combat, Bertrand Perier, Ed JC Lattès
*En psychologie positive les forces de caractère, aussi appelées « valeurs en action », sont des capacités de se comporter, de penser ou de ressentir qui favorisent un fonctionnement et des performances optimales et aident à mener une vie heureuse et florissante.